Maroc et cérémonies de transes Gnaoua Maroc 2001 : je suis assistante d'un Grand Reporter... Nous partons pendant un mois pour un sujet vendu au magazine Grands Reportages pour lequel je rédigerai les Pages Pratiques. Originellement le thème retenu est le "Bleu de Chefchaouen" mais du Riff où nous baignions dans la chaux, nous bifurquons finalement vers le festival des Ganouas d'Essaouira, qui nous happe comme un aimant. Les peintures de Tabal, presque chamaniques et qui se forgent une mythologie à coup de petits points, les passages de Orson Wells, de Jimmy Hendrix et d'autres artistes des seventies, en font une ville ouverte sur le monde où souffle un vent de liberté. J'ai à l'esprit encore aujourd'hui, son mémorable port où des carcasses de bateaux viennent faire peau neuve avant de reprendre le large. Le son des criées le matin de très bonne heure et la clarté de l'Atlantique faisant un régal d'ombres portées, je photographie à mesure au rythme du tournoiement des nombreuses mouettes. Nous étions déjà passés dès l'arrivée par l'autre port de renom, celui de Tanger et les médinas alambiquées de Larache, Tétouan, les plages de Oualidia ... mais c'est sur le soufisme gnaoui que nous jetons finalement notre dévolu. Il s'agit d'un syncrétisme entre l'Islam et les traditions d'Afrique noire souvent issu de la culture Bambara au Mali ou encore du Soudan, laissées par les travailleurs venant prêter main forte aux usines à sucre de cette région. Nous sommes conviés aux transes nocturnes. Elles nous amènent de Derdeba en Derdeba, de Lila en Lila, de danses des sabres en danses des sabres au moment du Kuyou, des transes en transes au son des guembri, crakeb et autres chants envoûtants, jusqu'à l'invocation de l'esprit de Lala Mira au petit jour avec le foulard jaune qui caractérise cet ultime instant. Les cérémonies de transes ont une vocation thérapeutique et l'énergie y est extraordinaire. Une présence remarquée au Off des Chroniques Nomades d'Honfleur, festival de Voyage et d'Aventures, dans les greniers à sel, en 2003, où je présentais ce travail pour la première fois. Il fut remontré en Touraine chez Germain Photo et à la galerie tourangelle Les bons Enfants et au Centre Culturel Communal de Saint-Pierre-Des-corps, dont son directeur Alain Werner écrira : « Sandra Daveau pose un regard à la fois conscient et emprunt d’émerveillement sur le monde ». Merci à lui pour ces mots qui retracent bien l'état dans lequel j'étais au retour de cette immersion chez nos voisins, aux traditions si belles et si différentes des nôtres. A noter que ce travail fut largement relayé par la presse. Dans Ouest France puis une belle émission de radio sur RFI dont je fut l'invitée, "Cahiers Nomades" préparés et réalisés par Zora Zoti, Didier Bleu et Véronique Fenek.
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