Halloween. New York. 2005 Texte et photos: Sandra Daveau Katrina vient de répandre son flot d'horreur et certains de mes amis en ont trop vus, à tel point que l'expiation du carnaval se fait essentiel. Les décorations pour Halloween sont trash comme jamais et sentent le vécu. Sari me laisse le choix : prendre une des places très prisées en haut de la tour de l'horloge pour photographier la parade dans son ampleur ou descendre dans la foule et défiler avec le marching band "Hungry March Band". J'avais déjà croisé certains personnages dans les campagnes du "no shopping" avec Reverend Billy, d'autres sur les manif anti-bush avec comme slogan "No Gulf War". Là justement, des musiciens de New Orleans viennent leur prêter main forte avec une inspiration de l'autre côté de la frontière, une inspiration Fête des Morts mexicaines. Je choisis de descendre dans les bas-fond narguer le pavé new-yorkais. Seul hic, nous sommes prises par le temps côté déguisement. Il faut dire que la période est une période de boulot intense, mon job étant d'accrocher des centaines de pumpkin ou autres citrouilles pour la grande fête de RUBULAD (lettres correspondant au 1er numéro de téléphone) à Brooklyn, un lieu illégal très fréquenté et couru des oiseaux de nuit new yorkais, les même qui ne veulent pas voir le CBJB's, mytique de la période punk, fermer.La touche finale de la déco dans la baignoire remplie Sari d'excitation. Son entrain est intact depuis plus de 10 ans à organiser ces fêtes et ce malgré les embûches répétées comme les changements de lieu ou les fermetures express. En 1999, j'y avais participé avec un show de marionnette et réalisée dans la radio pirate voisine une projection diapo de mon retour du Mexique sur musique live masquée et trapéziste. Cette fois-ci, j'y projetterai les diapos de mon reportage sur les peintres de la Tour Eiffel (en écho aux très connues images de déjeuner sur les poutres surplombant New York) et je danserai avec le feu au milieu d'un fouillis de plusieurs étages intendant 2000 personnes jusqu'à l'aube. Un lieu où est marqué au dessus de l'évier "First the dishes, then the revolution", ne peut être entièrement mauvais... Nous optons donc pour la Salvation Army de Chelsea en quête de nos costumes. Sari dégote une grenouillère enfantine que je me retrouve à asperger de peinture rouge sur le balcon face à la Rochefeller Tower. La pauvre enfant vient d'être attaquée par un tueur tout droit sorti d'un bon polar ! Mon déguisement est plus sobre mais totalement exotique pour nous européens: j'arborerai une coiffe à plume typique de la Nouvelle Orleans assorties de larmes rouges qui colle avec le thème du tronçon de parade qui nous ne tardons pas à rejoindre. Étonnant trajet de métro où se mélangent des personnes de toutes générations et où, costumes et costards se partagent la banquette. Ah ces New Yorkais et leurs parades à chaque occasion. Je me souviens avoir fait partie de celle qui visait à sauver les jardins de East village au moment ou Giuliani était maire, un beau gâchis et une violence policière si démeusurée face aux joyeux lurons qui ne voulaient pas que leurs courgettes laissent la place à de hideux building d'assurance. La fin est malheureuse, j'en ai encore le coeur serré. Je me souviens aussi avoir défilé avec une cirque alternatif et participé à la gay pride aux chars multicolores mais, la plus marquante à été la parade des Sirènes à Coney Island. Evoluant à l'endroit d'un immense parc d'attraction rouillé, un photographe m'a taillé le portrait sous le drapeau américain. Il s'appelait Patrick Rivera et m'avait donné rendez-vous pour m'offrir quelques images et un monopod et une valise de pellicules gratuites pour encourager ma vocation ! God bless him and America. Alors que je le hélais avec de grands gestes de l'autre côté du passage piéton de manière très visible et expressive, il me dit "c'est à Richard Gere que tu disais bonjour ?". Bref, New York regorge d'histoires à la seconde, mais c'est celle d'un Halloween à New York qui est celle du jour et celle de nuit. NB: le numérique ayant vu le jour en 2004 et étant au début beaucoup moins performant que l'argentique, la qualité technique de ces images prises principalement de nuit s'en ressent sévèrement. Elles font par la même occasion office de témoignage sur cette période contextuelle il y a 11 ans. A cette époque personne ne pouvait imaginer que nous en serions aujourd'hui à prendre une image nette en nocturne à main levée depuis un téléphone portable et de pouvoir l'agrandir sur papier en format A3 sans pixel disgracieux. L'évolution technologique et la conception de la réailté méritent un débat à eux seul... Après Halloween c'est Thanks giving et l'occasion de déguster la gastronomie américaine à trois heures de New York en pays Amish, en Pensylvannie. Et pour aller encore plus loin vers l'aventure, un magnifique levé de soleil en route pour la West Virginia... On the road again...
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